Paris Couleurs : Gérard Ifert, ektachromes 1953-1954, Paris, B42, 2019
Dans le Paris des années 1950, les façades géométriques et bariolées des marchands de couleurs attirent l’oeil du jeune Bâlois Gérard Ifert. Alors au tout début d’une carrière au croisement du design, du design graphique et de la scénographie, Ifert pratique aussi, en flâneur, la photographie. Il enregistre ainsi ces compositions chromatiques qu’il rapproche des oeuvres de l’art concret suisse. Cette étonnante collection d’images révèle un art anonyme de la rue aujourd’hui disparu et fournit matière à réflexion sur les liens entre l’art et le design, sur les transformations du paysage urbain et l’esthétique du quotidien. Documentation exceptionnelle sur un art de rue aujourd’hui disparu, la série d’ektachromes qui en résulte est l’occasion de revenir sur un pan de la carrière d’un designer dont on découvre depuis peu le travail. Après l’exposition « Photographismes » du Centre Pompidou qui a révélé un aspect expérimental de la production d’Ifert, le présent livre dévoile une autre facette, celle d’un arpenteur de la ville, attentif aux manifestations d’une culture urbaine vernaculaire. Sur les pas d’Ifert, le texte de Catherine de Smet, où se croisent entre autres Valentine et Ripolin, Picasso et Duchamp, Karl Gerstner et Richard-Paul Lohse, Sophie Taeuber et Victor Vasarely, Verena Loewensberg et Bernard Frize, revient sur ce que nous dit l’éclat bigarré de ces magasins parisiens.